Heatwave in the North, Floods in the South: What future for development? (English translation below)
Chères amies, chers amis,
Chaque année, à partir de la mi-juin, chez Friendship on se met à prier – chacun à sa manière – pour que dans les districts du Nord du Bangladesh, Kurigram et Gaibandha, nos principales zones d’intervention, les crues du Brahmapoutre ne se déchainent pas à l’excès.
Force est de constater que ces prières sont entendues de plus en plus rarement ! Au cours des cinq dernières années, seul l’année 2018 aura été une année de répit. Non pas qu’il n’y ait pas eu de crues cette année-là, mais elles sont restées d’une intensité et d’une durée telles que, compte tenu d’une extraordinaire capacité de résilience, la population ait su y faire face par ses seuls moyens.
Notre souci principal, ce sont bien sûr les populations concernées, et en leur sein les individus – enfants, femmes, hommes, vieillards– qui souffrent dans leur chair et, trop souvent, voient anéanti le fruit de toute une année de dur labeur. Rien que dans les zones d’intervention de Friendship, depuis le 9 juillet près de 10.000 habitations ont été gravement endommagées et près de 1.000 entièrement détruites; plus de 6.000 hectares de cultures sont atteintes et plus de 600 têtes de bétail ont péri, étant rappelé qu’une vache représente souvent le principal capital dont jouit une famille. Les infrastructures sanitaires sont à leur tour gravement touchées, avec près de 80.000 puits et latrines endommagés, et à la clé de graves dangers sanitaires en l’absence d’accès à une eau potable sûre. Vous pouvez voir plus d’images, y compris des actions entreprises par Friendship, ici. Et pour ceux qui souhaitent puiser à d’autres sources pour en savoir plus sur l’état actuel de la situation, le rapport du Bureau du Coordinateur résident des Nations Unies peut être consulté ici.
Depuis le premier jour, les équipes de Friendship Bangladesh, appuyés par un grand nombre de volontaires issus des communautés, parent aux besoins les plus pressants et évaluent ceux à satisfaire en priorité pendant les semaines à venir et en attendant un retour à la normale. Avec l’appui, en particulier, de la Coopération luxembourgeoise, mais également moyennant des fonds en provenance de nos donateurs privés, nous allons fournir de l’aide alimentaire et sanitaire, tout en entamant au plus vite les premières mesures de nettoyage et de réhabilitation, de sorte à permettre à nos écoles, centres de consultation juridique et centres de tissage de reprendre leurs activités au plus vite. En parallèle, les autres entités européennes de Friendship ainsi que Friendship au Bangladesh s’activent de leur côté en vue de mobiliser à leur tour des ressources d’aide d’urgence.
Au-delà de celui de parer aux besoins immédiats, notre souci est double:
D’abord, à la récurrence des crises humanitaires correspond, mécaniquement, celle de la sollicitation des donateurs; inévitablement la «donor fatigue» guette: «à quoi bon s’il faut recommencer tous les ans»! Encore heureux qu’en contrepoint il y ait une accélération de la prise de conscience que le changement climatique doit, quand même, y être pour quelque chose et qu’à ce niveau nous avons une part en proportion démesurée de responsabilité, avec notre empreinte carbone qui, par tête d’habitant du Luxembourg, est de l’ordre de 50 fois celle d’un citoyen du Bangladesh (sans même parler d’un habitant des chars du Brahmapoutre vivant avec moins d’un dollar par jour …).
Ensuite, à force de parer aux effets des catastrophes naturelles et de solliciter les donateurs à cet effet, les efforts de développement risquent de passer au second plan et les ressources nécessaires pour les conduire de l’avant de s’amenuiser. Une ONG dite «de développement» comme l’est principalement Friendship, serait-elle condamnée à se muter en ONG d’aide humanitaire? Nous aimerions plutôt voire dépasser cette dichotomie qui, dans bien des circonstances, et en particulier sous l’impulsion des effets du changement climatique, est souvent contreproductive et source d’inefficacité de l’aide, comme nous venons de l’expliquer dans une contribution au tout récent numéro de la Revue Alternatives Humanitaires dont vous pourrez prendre connaissance ici. En résumé: Notre rôle doit d’abord être au niveau de la prévention et de la préparation des populations aux effets des phénomènes climatiques extrêmes. Et il n’y a pas meilleur moyen de prévention et d’adaptation que par l’amélioration des conditions de vie dans tous ses aspects: habitat; sécurité alimentaire; éducation ; réduction des inégalités …
Mais quand le malheur frappe, notre rôle est d’y répondre – et c’est ce que nous faisons.
Dans l’un comme dans l’autre de ces rôles, nous avons besoin de votre soutien. Sans cela, rien ne va!
Merci donc, toujours, pour votre appui.
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Heatwave in the North, Floods in the South: What future for development?
Dear Friends of Friendship,
Every year from mid-June onwards, we at Friendship start praying – each in his/her own way – that in the districts of northern Bangladesh, Kurigram and Gaibandha, which are our main areas of intervention, the floods of the Brahmaputra do not bring excessive destruction in their wake.
It is clear that these prayers are being heard less and less! Over the last five years, only 2018 was a year of respite. Not that there were no floods that year, but their intensity and duration were such that the population, given its extraordinary capacity for resilience, was able to cope using its own resources.
Our main concern, of course, is the populations concerned, and within them the individuals – children, women, men, old people – who suffer physically and, all too often, see the fruits of a whole year of hard work wiped out. In the Friendship areas of intervention alone, since July 9th this year, nearly 10,000 homes have been severely damaged and nearly 1,000 completely washed away; more than 6,000 hectares of crops are affected and more than 600 head of cattle have perished (bearing in mind that a cow is often the main asset that a family owns). Sanitary infrastructure is in turn severely affected, with nearly 80,000 wells and latrines damaged, resulting in serious health hazards in the absence of access to safe drinking water. You can see more images, including the action undertaken by Friendship, here. And for those who wish to draw from other sources to learn more about the current state of affairs, the situation update issued by the Office of the UN Resident Coordinator can be found here.
Since day one, Friendship Bangladesh teams, supported by a large number of community volunteers, have been dealing with the most pressing needs while assessing those to be met as a priority in the coming weeks pending a return to normal. With the support of, in particular, the Luxembourg Ministry of Cooperation, but also with funds from our private donors, we will provide food, sanitation and health assistance, while initiating as swiftly as possible the most urgent rehabilitation measures, so that our schools, legal booths, and weaving centers can resume their activities as soon as possible. In parallel, the other European Friendship entities, as well as Friendship in Bangladesh, are equally working on mobilizing additional resources for emergency relief support.
Our concern, beyond that of meeting immediate needs, is two-fold:
First, the recurrence of humanitarian crises automatically results in donor solicitation, and inevitably “donor fatigue” lurks: “what good is it if you have to start over every year again?!” There is some consolation in the acceleration of the awareness that climate change plays a role here and that we as Luxembourg residents bear, in proportion, an oversized share of responsibility in this, with our carbon footprint which, per capita, is around 50 times that of a citizen of Bangladesh (not to mention a char dweller of River Brahmaputra living on less than a dollar a day…).
Second, while we respond to the effects of natural disasters and solicit support from donors to do so, our development efforts are likely to fall out of the spotlight and the resources needed to drive them forward to dry up. Must we accept that a “development NGO”, as Friendship primarily is, be therefore condemned to turn itself into a humanitarian relief organisation? On the contrary, we would like to end this dichotomy which, in many circumstances, and particularly when dealing with the effects of climate change, appears to be counterproductive and a source of inefficiency of aid, as we have just explained in a contribution to the latest issue of the Humanitarian Alternatives Journal, which you can read here. In summary: Our role must first be in prevention and in preparing populations for the effects of extreme climatic events. And there is no better way to prevent and adapt than by improving all aspects of living conditions: habitat; food security; education; reducing inequalities…
But when disaster strikes, our role is to respond to it – and that’s what we do!
In both of these roles, we need your support. Without that, nothing happens!
Thank you therefor, as always, for your support.